vendredi 26 novembre 2010

Reprendrez-vous du gateau: Chapitre III: Christophe et moi

Christophe et moi n’étions pas mariés. Nous refusions de penser à ces chemins tout tracés par choix et par conviction. Nous n’étions pas de ceux qui peuvent envisager que le couple est quelque chose qui se donne en spectacle. On trouvait cela vulgaire et peu pertinent. Mais ce non-mariage sidérait tout le monde, d’autant plus que nous étions ensemble depuis plus longtemps que tous les autres…cherchez l’erreur. En tous cas, dans nos familles ! Dans nos milieux sociaux, je peux vous dire qu’ils la trouvaient, l’erreur.

Alors maintenant que ma quasi sœur se mariait, et que mon autre quasi sœur s’était déjà mariée et était déjà mère de famille, c’était « reparti pour un tour ! ». Christophe et moi allions être bombardés de nouveau par la question qui s’imposait, une question qui était comme un jugement. C’est fou l’amitié entre filles. Quoi qu’on fasse, on est forcément prisonnières de ces prévisibles comparaisons entre les unes et les autres, de ces schémas. S’en affranchir est tout bonnement impossible ! C’est comme si malgré nous on se définissait les unes par rapport aux autres, et la société faisait de même.

WEDDING / MARIAGE : The Dress

Et puis il allait encore falloir féliciter, faire semblant d’être contents pour eux, retenir les dates, acheter des cadeaux, convaincre Christophe que ça n’allait pas être si horrible que cela.

Nos cultures familiales respectives a Roxanne et a moi se rapprochaient beaucoup du coup il ne faisait pas le moindre doute que cet évènement allait être plus difficile pour moi que le mariage de Valérie encore frais dans nos esprits. Elle venait très souvent à la maison notamment les mercredis après-midis pour « réviser », et c’est ainsi que nos parents s’étaient rapprochés, puis découverts et construit des atomes crochus. Ils répondaient aux mêmes codes. Et c’est ce qui me terrifiait : cette cérémonie allait être ce qu’allait pouvoir être le mien de mariage si je franchissais le pas un jour, et je ne voulais surtout pas voir ça.

Et ce n’était pas tout. Je l’appris ce même jour dans la foulée. Roxanne me demandait d’être sa témoin, et je ne savais que trop qu’il m’était tout bonnement impossible de refuser. Oui, toute jeune fille de vingt-huit ans normalement constituée dit oui lorsque sa meilleure amie d’enfance lui demande d’être témoin de son mariage. Il n’y a pas d’alternative. Toute jeune fille de vingt-huit ans normalement constituée aurait également répondu en pleurant de joie. Mais moi, je me demandais comment j’allais faire pour tenir la route et jouer à la témoin. Les bras m’en tombaient d’avance et j’ignorais comment j’allais tenir le choc.

En tous cas, une chose était sure : le temps passait, et Valerie, Roxanne et moi étions des vieilles. Des vieilles qui travaillaient, des vieilles qui n’allaient plus en soirée étudiante, des vieilles qui se « casaient », des vieilles qui se faisaient passer la bague au doigt, et des vieilles qui auraient trente ans très vite.

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