Affichage des articles dont le libellé est expatriation. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est expatriation. Afficher tous les articles

jeudi 14 janvier 2010

"The West is the best"

On ne peut pas se taper onze heures d'avion, neuf heures de décalage horaire d'ouest en est, être catapulté de l’autre cote de l’Atlantique dans 15 a 20 degrés Celsius de moins sans etre chamboulé.

"The West is the best" disait Jim Morrison (pour qui je n'ai pas forcement un grand respect). Revenue et remises de mes péripéties, je dois dire que je suis contente de ne plus me les cailler de nouveau et de refaire pèter les lunettes de soleil. Se transporter d'Ouest en Est est quelque chose de complètement inhumain. Tous les experts en décalage horaire vous le diront. Le décalage horaire entre Los Angeles et Paris est l’un des plus mortels qui soient.

J’ai ensuite passé des vacances tres sociale, tres en contact des autres, croulant sous les obligations familiales tacites dont il est impossible de s’affranchir sans se faire montrer du doigt.

Et puis une fois arrivée à destination, le rythme est insoutenable. Traduire le français pour mon homme, traduire en anglais pour les autres, qui veulent faire une phrase en anglais pour lui. En plus, ils me demandent toujours des trucs intraduisibles, des trucs qui n'existent pas dans le langage parlé anglais américain ou même pas dans le dictionnaire. C'est épuisant (le mot est trop faible)

Mon homme, quant à lui, parle un peu mieux français à chaque fois. C'est marrant de comprendre comment un étranger peut appréhender sa langue natale à travers les questions qu’il pose, les fautes qu’il fait. Par exemple, il dit toujours "je connais" pour dire "je sais". En anglais il n'y a qu'un verbe "to know". Un jour, il était également tombé des nues quand je lui avais dit que « bateau » en français est un nom masculin. Il fait de la voile depuis l’âge de cinq ans et à un rapport très particulier aux bateaux je crois.

Ma famille a ce coté « famille parfaite » ou chacun se libere pour les autres, pour un repas autour duquel on parle de ce qu’on mange et on se garde bien de creuser la conversation même un peu.

C’est des « Comment va ton travail ? », des « Tu rentrerais en France? » Cela prouve bien qu’ils sont incapables de se mettre à la portée des autres qui ne vivent pas comme eux. Ca ne veut rien dire pour mon mari "rentrer en France". Pour mon mari, "rentrer en France", ce serait "venir en France". Ce n'est pas la même chose. Pas la même chose du tout même.

vendredi 18 septembre 2009

Que je le veuille ou non

Il y a une chose essentielle que je veux absolument clarifier avant de me lancer dans l’aventure de ce blog:

Je n’ai pas du tout avec les Etats-Unis le rapport que pourrait avoir une « expat », une femme d’ « expat », une visiteuse, et encore moins une « fan ».

Ce pays, avec ses bons et ses mauvais cotés, et sans que cela soit pour moi ni une source de fierté, ni perçu comme un accomplissement, ce pays, je l’ai adopté. Parce qu’il n’y avait pas de doute possible. J’étais destinée à faire un petit bout de chemin ici, voire même un gros! Pour mieux comprendre. Pour écouter d’abord, et puis comprendre cette société qui influence le monde et y suscite tant de passions. Il fait partie de moi. Il était mon destin. Je le déteste autant que je l’aime avec cette même complexité que l’on ressent parfois à l’égard de ceux qui feront forcément toujours partie de notre vie.

Comme on adopte très tôt un ami de longue date, j’ai adopté ce pays, avec lui mon identité franco-américaine sans que cela ne fut vraiment délibéré. Quand quelque chose comme cela vous tombe dessus, cela devient une évidence dont l’on se détache avec le prisme de la neutralité parce qu’il n’y eut tout simplement pas d’autre chemin envisageable. Je ne peux pas dire que si je revenais en arrière je ferais autrement. Que je le veuille ou non. C’est un fait. Je suis franco-américaine.

lundi 14 septembre 2009

Définir la France en une phrase

Si vous deviez définir la France en une phrase, une définition ou bien alors une anecdote qui en retranscrit l’essence…quelle serait-elle ?


« Le pays qui a conduit son roi à la guillotine le 14 Juillet 1789 » ? « Le pays qui fait bruler les voitures de pauvres innocents dans la rue pendant les manifs ou les fêtes » ?
« Le pays qui a gagné la coupe du monde de foot en 98 en battant le Brésil 3 à 0 » ?
Pas facile en tous cas.


Pour Frédéric Beigbeder, la France, c’est « un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu'il les avait gagnées, et ensuite à perdre son empire colonial en faisant comme si cela ne changeait rien à son importance. »


Nous avons partagé mon cousin et moi, une réflexion à ce sujet, réflexion dont cette citation de Beigbeder avait été le point de départ. « Expat » comme moi, mon cousin fait partie de ces gens avec qui je peux parler pendant des heures.


D’après lui, ” Tout était là». Ce début du dernier roman de Beigbeder était « la clé de la situation de la France aujourd’hui ». Personnellement, je reste convaincue que la France vaut plus qu’un petit pays qui a perdu des guerres et ses colonies. Le symbole de la révolution française, par exemple, est intemporel et le monde associe encore aujourd’hui notre pays à un pays qui a su changer son destin, à un pays dont le peuple s’est soulevé pour aller libérer les prisonniers et se débarrasser de la royauté.


Le peuple révolutionnaire français est allé jusqu'au bout de sa révolte et, pour reprendre une expression bien franchouillarde, c'est plus facile à dire qu'à faire. Apres, on peut reprocher à tout cela de n’être que violence bien sur, mais la révolution, la vraie, comme disait le Che, passe forcement par des excès. Je reste donc très attachée au symbole de la révolution française. C’est peut-être assez abstrait les symboles mais ca reste, c'est ce dont tout le monde se souvient toujours des siècles plus tard de la Bastille et puis chercher le roi et l’amener à la guillotine reste à mon avis intouchable.


Ce qui a pu se passer après dans notre histoire ne nuit pas à ce symbole intemporel. On reste un modèle respecté partout en Amérique centrale et Amérique du Sud notamment (à part le Brésil sans doute).. Toute personne qui rêve de révolution dans une certaine mesure est forcement inspirée par la France. Je l’ai vraiment ressenti partout où je suis allée lorsque je disais que j’étais française : en Argentine, au Mexique (surtout dans le Chiapas ou à Oaxaca), à Cuba, bien sur. Je crois que j’en tire vraiment une grande fierté.


Par ailleurs, diplomatiquement, la France est encore un pays qui a le poids d’un « grand » pays. Le « non » de Chirac aux Nations Unis contre la guerre en Iraq reste d’ailleurs un grand moment de diplomatie française. Franchement ce non a énormément pesé et aujourd’hui encore, je trémule en repensant à la portée symbolique qu’il a eu. J’avais a-do-ré. J’avais même adoré que des gens au fin fond du Texas qui ne savent pas que les frites sont belges a la base avaient cru nous insulter en retirant le « french » de « french fries ». Je trouvais ça. Gé-nial !


Apres mon cousin a renchéri en disant qu’il serait plus fier si « au delà de dire non, la France dit oui, lorsque la France est un pays source de propositions et d'actions au niveau mondial. C'est peut-être moins spectaculaire que couper la tête à un roi ou dire non à l'ONU ». Ça, si je devais définir le plus gros problème de la France, ce serait celui-ci : l’esprit critique et « rebelle » indécrottable sans proposer de solutions constructives. Mais j’aurais l’occasion d’y revenir.



af6j8vbmdw

lundi 31 août 2009

Qu'est-ce qui me titille?

Je me suis souvent demandé quel serait mon angle si je me mettais à maintenir un blog. J'ai toujours su qu'il faudrait que ce soit l'histoire d'une femme franco-américaine sporadiquement en proie au doute quant à son statut, son identité et ses choix de pays et de vie.

Apres de longues réflexions, j’ai repensé, non sans nostalgie, à mes années à l'école, aux dissertations, et au fait qu’on ne rend jamais une copie qui n'a pas de problématique.
Une problématique, c'est quelque chose qui donne matière à débat. Chez Kant, c'est un « jugement dont on admet l'affirmation ou la négation comme simplement possibles ». Pour moi, une problématique, c'est quelque chose qui titille.

Quelque chose qui titille... Alors je me suis posée une question simple: qu'est ce qui me titille le plus?

La réponse c'est qu'il y a plein (trop?) de choses qui me titillent dans la vie. Pour ne citer qu’elles :

Le conflit entre l'absolu et le relatif
L'amour
L'ambiguïté de mon identité culturelle
La politique et les infos (et leur traitement par les media)
Le sens de la vie
Le secteur de la musique et le fait qu'il parte complètement en quenotte et soit en crise
L'industrie de l'édition et le fait que cela soit bouche et en crise
La famille et le rapport à la famille
L'amitié
L'écriture
L'art, la démarche artistique
La mémoire
La loyauté
Mon rapport à mon pays d'accueil (les Etats Unis)
Mon rapport à mon pays natal (la France)

Et c'est là que j'ai pris ma décision: l'angle de mon blog sera mon rapport à la France et aux Etats-Unis.

La France, pays qui garde le quasi monopole de mon cœur et qui m'inspire une fierté inébranlable culturellement, linguistiquement, esthétiquement, et entre autre dans les domaines de l'histoire, de l'écologie, de la littérature, du théâtre.

Et les Etats-Unis, mon pays d'adoption, celui où je vis, le pays de l'espoir, le pays où l'on ne baisse pas les bras, le pays où on ne dit jamais « je ne peux pas », où tout est possible à condition de le vouloir et d'y travailler, pays qui vous ouvre ses portes, vous donne sa chance, pays au sein duquel se côtoient et s'aiment tant de personnes de cultures différentes et dans lequel chaque ethnie apporte sa richesse et son héritage.

Ce que j'aime le plus dans ce choix d’angle, c'est que tous les domaines entrent en ligne de compte dans le rapport de quelqu'un à son (ses?) pays. Ainsi, toutes les autres choses qui me titillent dans la vie participent forcément au même débat.

Et alors, comme cela arrive dans la vie de tout écrivain (ou personne qui écrit?) je me retrouvai aussitôt après avoir pris cette décision dans un rare moment d'exaltation. Je ressentis l'état jubilatoire de celui ou celle qui vient de trouver son angle. Ce dernier s'impose à vous avec une intensité difficile à retranscrire. C'est ce que l'on ressent lorsque quelque chose vous a comme “choisi”, et que tout à coup, vous vous sentez investi d'une mission qui vous tient tellement à cœur qu'elle vous fait presque l'effet de s'être emparée de vous. Le doute n'est plus possible. C'est comme un immense coup de foudre.

Alors je me lance, dans l’espoir d’échanger avec d'autres sur le sujet, et peut-être aussi de rencontrer des gens qui ont le même "titillement" que moi car je n'en rencontre pas assez dans ma vie à mon goût.